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Dernière mise à jour : 12 mars 2024


Le Psautier de Saint Hilaire de Poitiers



Hilarius, le saint Athanase

de l'occident...


Nous ne connaissons pas précisément

la date de naissance d'Hilaire de Poitiers.

C'est par la "vie des hommes illustres"

de Saint Jérôme que les premiers repères

biographiques nous sont donnés. Né en

Aquitaine, entre 310 et 315 et de famille

païenne, Il a raconté lui-même au début de

son Traité sur la Trinité, combien le Prologue

de saint Jean fut déterminant pour sa conversion.


Trois repères sont encore importants :

il fut baptisé certainement en 345 et

en 350, nous connaissons la date plus ou moins

précise du début de son épiscopat à Poitiers ;

enfin, en 356, il prend publiquement position

au Synode de Béziers, et défend la foi de Nicée

s'agissant de la divinité de Jésus.


Sur l'ordre de l'Empereur, il est alors exilé

en Phrygie, (ancien pays d'Asie mineure proche

de la Turquie) jusqu'en 360-362. Cela ne l'empêcha

pas de conduire son diocèse par correspondance !

C'est par cet exil forcé, qu'Hilarius rencontrera

d'ailleurs le monde grec...


Il retourna alors dans son diocèse, et au milieu

d'un travail immense, rédigea son Commentaire

sur les Psaumes entre 364 et 367

La mort d'Hilaire viendra l'interrompre

dans sa rédaction...

Sulpice Sévère précise dans ses Chroniques,

que l'Evêque de Poitiers est mort cinq ans après

son retour d'exil... Les témoignages concordants

et complémentaires des uns sur la vie des autres,

nous permettent de reconstituer le fil historique...


C'est Mgr Patrick DESCOURTIEUX,

prêtre de l'Archidiocèse de Paris et professeur

à l'Augustinianum de Rome, qui entreprend

en 2008 la traduction de ce Traité des Psaumes

dans la Collection Sources chrétiennes... Et qui

nous offre au passage, une très belle version

des Psaumes ainsi commentés par Hilarius !

Ce gros travail n'est d'ailleurs pas actuellement

achevé, mais poursuit son cours dans les

volumes suivants de la Collection précédemment

citée : SC 515, 565, 603, 605, 625...


Le Tractatus super Psalmos, a été le premier

Commentaire du Psautier en langue latine,

comme Hilarius fut le premier écrivain chrétien

à traduire la pensée d'Origène dans le monde

latin. Le grand Maître de Carthage

Saint Augustin, dira de lui : "C'est un catholique

qui parle, c'est un insigne docteur des Eglises

qui parle, c'est Hilaire qui parle" (St Augustin,

Contre Julien II,,8,28).


Par ailleurs il faut préciser que ce Traité spirituel

ne s'adresse pas à une personne en particulier...

Il s'agit sans doute de l'œuvre attentive d'un

Evêque qui prend le temps de donner à ses

prêtres et à ses diocésains, le sens spirituel des

Psaumes... Dans son commentaire du psaume 64,

Saint Hilaire parle clairement de la louange

du matin et de celle du soir, ce qui a toujours été

très tôt, cru et pratiqué dans l'Eglise, avant de

donner naissance à l'Office divin...


Dans la grande Tradition des commentateurs

bibliques, il s'agira bien de s'attacher

à la dimension littérale du texte mais de ne

pas s'y limiter. Dans la grande Tradition

qu'introduit Origène, il s'agira surtout

de dégager le sens spirituel des Psaumes,

le sens caché dirait-on, et en l'occurrence,

de chercher attentivement le Christ dans les

Psaumes, Celui-là même qui les a priés...

C'est la foi au Christ et la bonne

compréhension de l'économie divine qui

nous permettent de trouver le vrai sens

de l'ancien Testament. Pour lui, le Christ

est la "clé du Psautier" !


"En s'incarnant, le Verbe assumait

en quelque manière l'humanité entière,

y compris celle des prophètes de l'Ancienne

Alliance..."

(B. de MARGERIE, Introduction

à l'histoire de l'Exégèse, II, les premiers

grands exégètes latins, 1983, page 65-98)


Le texte de référence sur lequel travaille

l'auteur de la Traduction du Traité est celui du

Corpus Christianorum. Le Corpus Christianorum

(CC, CCL ou CChr), est une collection savante,

éditée par les bénédictins à Turnhout (Belgique)

chez l'imprimeur Brepols, qui débuta dans les

années 1950. Son objectif actuel est de publier

et dans le cadre d'une collaboration internationale,

tous les ouvrages grecs et latins de la chrétienté,

depuis les auteurs patristiques jusqu'à la fin

du Moyen Âge....


Psaume 1


"Pour le sens commun, les impies sont ceux

qui n'aiment pas Dieu. Dans leur hostilité à la

religion, ils considèrent que le monde n'a pas

de créateur et soutiennent que sa forme et sa

beauté lui viennent de formes dus au hasard."

 (SC 515, Psaume 1,7)


L'Arbre dont il est question c'est l'arbre

de la connaissance du bien et du mal,

l'arbre de la Genèse...

Nous sommes nous-mêmes cet

arbre doué de raison, qui donne des fruits

en son temps... "Ainsi l'homme bienheureux

deviendra cet arbre..."

Les feuilles ne disparaîtront pas,

car ce sont les paroles de Dieu qui donneront

leurs fruits... C'est l'enseignement précieux

"d'une parole qui ne tombe pas..." 

(SC 515, Psaume 1,17)


A propos du jugement des pécheurs :

"La peur de Dieu en retient plusieurs

dans l'Eglise, mais les séductions mondaines

les attirent pourtant vers

les péchés du monde..." 

Sur le sens du verbe connaître pour Dieu :

"En demandant à Adam où il est,

(cf Livre de la Genèse),

Dieu montre que son péché l'a rendu

indigne d'être connu de lui..."

(SC 515, Psaume 1,22-24)


Psaume 2


Les nations qui frémissent et les peuples qui

forment de vains projets : "...Réunis dans

les personnes d'Hérode et de Pilate, des nations

frémissantes et des peuples qui formaient de

vains projets, se sont dressés comme un seul

homme avec leurs rois et leurs chefs. C'est

effectivement d'un commun accord

que le préteur et le tétrarque, décidèrent

de condamner le Seigneur à souffrir..."

(SC 515, Psaume 2,5)


"Le Seigneur m'a dit :"Tu es mon Fils, aujourd'hui

je T'ai engendré..." : "En devenant

fils de l'homme, Il n'avait pas cessé d'être

le Fils de Dieu.

Au contraire, le Fils de Dieu est si bien

le fils de l'homme, que sa puissance

subsistante de Fils de Dieu qui descend

du ciel, fait de Lui le fils

de l'homme au ciel..." (SC 515, Psaume 2,11)


"Saisissez l'enseignement du Seigneur,

pour éviter qu'Il ne se mette en colère" :

"la punition appliquée à ceux qui,

dans la liberté de leur volonté,

ont préféré mal agir, passe pour être

la colère de Dieu : la nature de Dieu, immuable

et toujours en repos, ne s'échauffe pas sous

l'effet d'une l'impulsion soudaine, mais, sous

le coup d'un châtiment, l'homme qui en demeure

frappé, a l'impression que l'auteur de cette

décision est en colère contre lui." (Ps 2,17)

Mais "Dieu n'est soumis à aucun mouvement

qui le ferait changer et ne saurait passer

d'un état à un autre, puisque sa nature est

marquée par la fermeté et la constance.

Il demeure tel qu'Il est,

Lui qui a dit précisément :

"Je suis qui je suis et ne change pas"

(Ex 3,14) (Ps 2, 18)

"Il ne change donc pas pour

se mettre en colère

puisqu'Il est magnanime,

mais, en juge puissant,

Il a décidé de châtier une faute..." (Ps 2, 18)


"Aujourd'hui Je T'ai engendré !"

"En tant que Verbe de Dieu, le Fils unique

de Dieu est le Die Verbe. Il n'existe pas avec

le temps mais avant le temps... Il n'existe pas

en un temps donné mais avant

tous les temps..." (Ps 2,23)


"Ce Fils de l'homme n'est autre

que le Fils de Dieu :la noblesse de sa nature

n'est nullement atteinte par le fait qu'Il devient

Fils de l'homme. En effet, être Fils de l'Homme

ne l'empêche pas d'être Fils de Dieu :

Il n'a pas dû sortir de sa divinité pour

entrer dans notre humble condition,

et le partage de notre faiblesse

n'a pas constitué un affront à sa puissance;

au contraire, c'est notre faiblesse

qui a été honorée par sa puissance."

(SC Psaume 2,25)


Le Verbe divin : "En naissant

à ce qu'Il fut avant le temps, Il naît

pour être dans le temps ce qu'Il n'était pas..."

(SC Psaume 2,27)


"Par l'intermédiaire du prophète Jérémie,

Dieu nous a appris qu'Il nous brise comme

un vase de potier (...) Il nous refait pour

nous amener à entrer dans la vraie Vie, par

le mépris de l'argent, la retenue dans la luxure,

le contrôle de la colère, la science du vrai,

l'unité dans la vie et les devoirs de la religion."

(SC Psaume 2,39)


"La comparaison avec le vase du potier

qui se brise évoque le moment où la volonté

de l'Artisan restaurera nos corps, détruits

et brisés par la chute qu'est la mort..."'

(SC Psaume 2,41)


"Et maintenant, rois comprenez : montrant

ainsi que ceux qui vont comprendre sont

effectivement des rois !" (SC Psaume 2,42)


"Le règne de Dieu, c'est la défaite du péché,

la destruction de la mort, la fin du règne de

l'ennemi..." (SC 515, Psaume 2,43-44)


"Heureux tous ceux qui font confiance

au Seigneur : Il Lui faut la confiance;

autrement dit une pensée ferme et une

volonté immuable : avoir confiance, c'est

plus qu'espérer !"(SC Psaume 2,50)

Psaume 9

"Le psaume contient des secrets et non pas

seulement un secret... L'un des secrets,

c'est que Dieu, pour sauver l'homme,

n'est pas venu dans la gloire du ciel

et la splendeur de son Nom, mais

qu'Il a revêtu la forme d'un corps humain.

Un autre secret, c'est qu'Il a revêtu la chair

humaine sans avoir la même naissance

que tout le monde. Né d'une Vierge, Il a vu le

jour et a été enfanté sans commencer à naître.

Un autre secret, c'est que Celui qui est mort

a repris vie après sa mort, en retrouvant par

son corps, la gloire de l'immortalité."

(SC 515, Psaume 9,3)


Psaume 13

"L'Esprit-Saint voyant l'erreur du genre humain,

les maux grandissants de ce monde

et la maladie qui progresse en semant

inexorablement la mort,

(ce qui arrive quand Dieu est nié),

que personne ne veut le bien, qu'ils

se servent de leur langue pour tromper, qu'un

venin de vipère est répandu sur leurs lèvres

et dans leurs paroles, que leur bouche est

remplie d'amertume et de malédiction et

que le malheur pèse sur tous ceux qui ne

connaissent pas le chemin de la Paix...

L'Esprit-Saint donc, s'écrie : Qui de Sion

pourra donner le salut à Israël ? (...)

Les œuvres de la Loi étaient devenues

trop faibles devant une telle épidémie de

maladies (humaines)...

(SC 515, Psaume 13,3)


"Il nous faut expliquer ce qu'est Sion,

et c'est l'Apôtre qui nous l'enseigne :

"Approchons-nous de la Montagne de Sion,

de la sainte Cité de Jérusalem... (He , 12,22).










 
 

 Eric HERTH

    prêtre catholique

 

Théologie spirituelle

des Pères de l'Eglise et des Auteurs chrétiens

à l'Institut de Spiritualité

de l'Université Grégorienne de Rome  (1984-1990)

Enseignement de la spiritualité catholique

et de la Théologie patristique  (1990-2007)

eric.herth62@gmail.com 

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