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Dom Guillerand,   (qui Porta-Dieu...)
(1877-1945)

Ce n'est pas un génie, un savant ou un grand esprit !
C'est simplement un être religieux
qui a su apprivoiser sa nature

et devenir capable de transpirer instinctivement Dieu
sans cesser d'être lui-même un homme vrai, simplifié
pleinement incarné et toujours réaliste.



Ce Maître spirituel de l'intériorité
qui pousse l'âme au silence contemplatif
plutôt qu'aux spéculations trompeuses et mondaines
ou à un Chemin sempiternellement retardé
par des sentiments fébriles et affectés,
sur tout, Dom Augustin jette d'abord un regard d'éternité
sans décoller dans la stratosphère fumeuse
d'une spiritualité molle et incompréhensible.
Chez lui et avec lui, Dieu est le centre de l'humain vrai !


On pressent aisément que la spontanéité

de son instinct divin est pour une part, 
le lieu rédempté de souffrances humaines profondes,
vécues dans
la transcendance que donne l'habitude
de considérer d'abord le point de vue de Dieu,

et pour une autre part,
le propre de ces personnalités exceptionnelles
qui sont elles-mêmes trop libres

pour se laisser étrangler ou limiter dans leur quête
spirituelle par une idéologie intellectuelle ou religieuse.



Chercher Dieu de tout son être viscéralement
et simplement, l'occupe tout entier et habituellement.

Il le fait dans la communion vécue au Christ,
par la médiation assumée et privilégiée de l'Eglise,
elle-même médiatrice de vérité par sa Tradition millénaire
dans la volonté salvatrice de son divin fondateur.

"Ma vocation de chartreux est une vocation
de silence et de solitude.
J'ai connu beaucoup de jouissances avant
de venir ici ; mais n'ai eu le bonheur qu'ici !"

 

Il naît à REUGNY dans le nivernais, 
issu d'une nombreuse famille et entre très tôt
au petit séminaire de PIGNELIN,
y recevant une formation aussi solide 
que profondément religieuse.
Après le séminaire de Nevers, 
Dom Augustin (Maxime de son patronyme de naissance)
fut ordonné à la cathédrale le 22 décembre 1900 et 
racontera plus tard le souvenir de sa première Messe :
"J'ai souvent songé à la journée du 29 décembre 1900.
C'est si grand une Messe ! C'est grand comme
le cœur du Bon Dieu qui s'y donne tout entier !
Il y anéantit son être pour que l'on s'empare de Lui."


Vicaire à Corbigny, il fut nommé Curé de Ruages
en 1905 pour un ministère fécond et heureux.
Son neveu encore tout jeune et convalescent
de la coqueluche, le précédait à vélo le long du canal.
Sur le chemin de halage,
le Curé de Ruages ne se doutait pas que deux
tournants plus loin, les eaux paisibles
venaient d'engloutir Pierre,
cet enfant dont il avait la charge avec sa sœur
à la Cure de Ruages,
suite à une quinte de toux qui projeta la bicyclette
à l'eau de manière fatale. 


La découverte de la casquette de Pierre
au canal et de sa noyade
fut pour le Curé, le choc majeur de sa vie
qui l'ébranla au point d'en faire une sévère dépression.
Il se voyait directement responsable de ce drame
et s'en fut pour un temps
à l'Abbaye d'Einsiedeln en Suisse.
Prédestiné à la vie contemplative,
solitaire et méditative, cet événement
en provoqua alors l'avènement.
Toute sa vie durant, sa santé restera précaire ; 
suffisante cependant pour suivre saint Bruno.

Renenu dans la Nièvre,
on lui confia la nouvelle Cure d'une paroisse
plus grande à Limon ; mais Dom Guillerand
n'entendit pas y vivre comme dans son
ministère précédent.
Son choix de vie se précisa et s'affina :
tout de suite il donna à son ministère
un caractère contemplatif. 

Dans l'église ou dans dans les bois,
discrètement, Dom Guillerand
passait de longues heures en prière,
s'exerçant à sa vie future...


L'abbé Guillerand 
était un éducateur né.
Il manifesta beaucoup de disponibilité
pour aider les séminaristes du diocèse
à entrer dans une vraie vie de prière
et une prière de vie.

Les futurs prêtres
venaient chercher chez lui sa frugalité,
sa joie communicative, sa spiritualité
et son immense talent de père spirituel.

 

Dans les années 1914-1916
des Lettres font état d'une certaine tension
avec son évêque qui refusait à cause

du grand nombre de prêtres mobilisés,
de le laisser partir en chartreuse ..
Face à la Providence, l'évêque céda.


 
Après avoir fané en famille
une dernière fois à Reugny,
l'abbé de Limon partagea
son petit bien avec ses frères et sœurs
et s'en alla pour la Chartreuse
de la Valsainte en août 1916.



Cet homme simple s'apprêtait 
à suivre l'intuition de la Montagne
et à passer la frontière en temps de guerre.

Il écrira pendant son noviciat :
"Je demeure dans ma disposition de départ :
tout prêt à rester ici si on m'estime capable 
de mener ce genre de vie; tout prêt à n'être
ni chartreux ni ermite.  Je m'acharne
à n'avoir plus de désirs personnels
et je donne ma tête à couper
que c'est la seule voie du bonheur ici-bas 
Je ne désire qu'une chose, c'est Dieu
et la solitude est ma grâce (...)
La vie n'est pas un rêve que l'on arrange
à son gré ; c'est une réalité dont il faut
accepter la réalité comme elle se présente."

C'est le 19 mars 1918 qu'il fit profession
temporaire pour trois ans et le 6 octobre
1920 qu'il fit profession définitive, 

jour de la Saint Bruno, en disant
peu après : "je suis aujourd'hui, 
ce que j'étais hie, même si nous sommes
un peu plongés dans le monde de l'éternité
où il n'y a plus de levers ni de couchers 
de soleil, ni de jours qui se suivent,
ni de saisons qui se succèdent.
Tout se ressemble ou à peu près.
Et vous savez que j'aime beaucoup cela..." 










 

 Eric HERTH

    prêtre catholique

 

Théologie spirituelle

des Pères de l'Eglise et des Auteurs chrétiens

à l'Institut de Spiritualité

de l'Université Grégorienne de Rome  (1984-1990)

Enseignement de la spiritualité catholique

et de la Théologie patristique  (1990-2007)

eric.herth62@gmail.com 

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