- Abbé Eric Herth
- 7 févr. 2023
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 oct.
Correspondance spirituelle 1910-1921
avec le Père Agostino,
avec le Père Benedetto,
Extraits - Traduction à partir de l'italien
"Si le Dieu très grand a établi dans sa miséricorde
d'épargner les souffrances de mon corps en
allégeant mon exil sur terre, comme je l'espère,
je mourrai très heureux puisqu'aucun autre désir
ne me retient ici-bas..."
"Ce qui me chagrine, c'est de ne pouvoir prouver
à Dieu mon infinie reconnaissance par les actes,
comme cela serait mon désir..."
"J'ai reçu tant de forces et tant de grâces du
Seigneur, pour supporter avec une sincère
résignation les nombreuses mortifications
auxquelles je suis sujet de jour en jour..."
"Je pleure et gémis beaucoup, aux pied de Jésus
Eucharistie et souvent, il me semble que je suis
réconforté. Pourtant, il me semble aussi que
quelquefois, Jésus se cache à mon âme ...
Dites-moi un peu mon Père, comment je dois
me comporter... "
"Jésus me dit que, dans l'amour, c'est Lui qui me
rend heureux ! Dans la souffrance en revanche,
c'est moi qui Le rend heureux. Oui, j'aime la croix
et la croix seule. Je l'aime parce que je la vois
toujours sur les épaules de Jésus-Christ. Et Il
se rend bien compte que toute ma vie et mon
cœur Lui sont totalement consacrés, à Lui et à
Ses souffrances..."
"Lorsque Jésus veut me faire savoir qu'Il m'aime,
Il me fait goûter les plaies de Sa passion, ses
épines, ses angoisses. Quand Il veut me donner
de la joie, il me remplit le cœur de cet Esprit qui
n'est que Feu. Je ne veux rien d'autre que Jésus."
"Si donc j'ai été trouvé digne de souffrir avec et
comme Jésus, n'est-ce pas suffisant pour que je
cherche humblement à vivre caché des hommes ?"
"Dieu m'a dit -c'est sous la croix que l'on apprend
à aimer, et je ne la donne pas à tous, mais
seulement aux âmes qui me sont les plus chères
car les plus proches. Ils me laissent seul de jour
comme de nuit dans leurs églises et ne se
soucient plus du sacrement de l'Autel. Mon cœur
est oublié et personne n'a plus souci de Mon
Amour ! Pour beaucoup, ma Maison est devenue
un théâtre.-"
"En parlant de certains dignitaires de l'Eglise,
Il me dit encore : - ce sont des bouchers;
Ne crois pas que Mon agonie n'ait duré que trois
heures... Non, à cause des âmes que J'ai le plus
comblé de bienfaits, elle durera jusqu'à la fin
du monde. L'indifférence et le sommeil de mes
ministres rendent Mon agonie plus pénible..."
"N'est-il pas vrai que, si Dieu veut, je dépasserai
cette correspondance avec lui et pourrai alors
embrasser mon Père spirituel ? Si vous saviez
combien j'éprouve d'impatience..."
"Chaque fois que Jésus m'offre de nouvelles
croix, Il me répète : 'J'ai l'habitude de préparer
les pierres qui doivent entrer dans la composition
de l'édifice spirituel par des coups de scalpels
salutaires et répétés et par de bons nettoyages...-"
"La vanité est d'autant plus à craindre qu'il n'y a
pas de vertu pour s'y opposer. En effet, à chaque
vice correspond une vertu contraire :
la colère se combat par la mansuétude, l'envie
par la charité, l'orgueil par l'humilité, et ainsi
de suite. Seule la vanité n'a pas de vertu con-
traire. Elle s'insinue même dans les actes les
plus saints, et jusque dans l'humilité si l'on y
prend pas garde... Tout ce qui est mal naît du
mal. Seule la vanité procède du bien, et c'est
pourquoi elle n'est pas éteinte par le bien, mais
au contraire s'en nourrit..."
"Cessons de nous angoisser car c'est vraiment
une perte de temps pour l'éternité. Mais il y a
pire : à cause de notre fragilité et de la puissance
du démon, ces angoisses qui en soi peuvent être
très saintes, souillent toujours nos meilleures
actions à cause de notre manque de confiance
en la bonté de Dieu pour nous..."
"Rappelons-nous toujours que c'est bien à cause
de leur manque de confiance que le plus grand
nombre de l'immense peuple qui errait dans le
désert n'est pas entré dans la Terre Promise !
Même Moïse, celui qui les guidait, a connu cela
quand il hésita à frapper la pierre d'où l'eau
devait jaillir pour désaltérer un peuple si assoiffé !
C'est notre amour pour Jésus seulement qui seul
chassera nos craintes."
"Ne cessons pas de prier le Seigneur pour deux
choses : pour qu'Il fasse grandir en nous l'amour
et la crainte ; en effet, c'est par l'amour que nous
resterons dans les voies du Seigneur et par
la crainte que nous regarderons où nous mettons
les pieds..."
"Considérant la haine que les hommes portent à
Jésus, on dirait qu'Il ne les a jamais aimés !"
"S'il y a bien une chose que je sais en toute vérité
et certitude, c'est que mon cœur aime Dieu infini-
ment plus que mon intelligence ne peut Le com-
prendre ! Nul doute ne m'a jamais effleuré
là-dessus."
"Voici comment je fais habituellement mon
oraison : dès que je me mets à prier, mon âme se
recueille dans une paix, une tranquillité
inexprimable. Mes sens sont comme en suspens
à l'exception de l'ouïe qui ne l'est pas toujours.
L'intelligence intervient rarement dans ma prière.
Mais il m'arrive très souvent que, à certains
moments où la pensée de Dieu , qui m'est
toujours présente, s'éloigne un peu de mon
esprit, je me sente touché par Notre Seigneur
au centre de mon âme, d'une façon si pénétrante
et si suave, que la plupart du temps, j'éprouve
la douleur de mon infidélité tout autant que
le réconfort de mon Père céleste et bon,
si attentif et si présent. Parfois, mon esprit
demeure au contraire dans une grande
sécheresse... J'ai l'impression d'être dans
l'impossibilité de me recueillir et d'entrer en
oraison malgré mon ardent désir. Mais quand
l'Epoux du Ciel m'inspire une grande dévotion
d'esprit, je suis alors transformé en un instant,
et tellement comblé de grâce surnaturelles que
je pourrais défier l'empire de Satan tout entier !"
"Ce que je puis dire à propos de l'oraison, c'est
que mon âme se perd en Dieu complètement,
et elle tire un plus grand profit de ces moments
qu'en plusieurs années d'exercices spirituels
faits avec beaucoup d'efforts !"
"Lorsqu'elle traverse des moments de
souffrance intérieure, l'âme s'apaise soit parce
que le Seigneur lui donne un avant-goût de ce
à quoi elle aspire, soit parce qu'Il lui révèle
intimement des choses élevées qui ne se
comprennent pas avec la raison. L'âme saisit
alors qu'elle ne pourra Le servir comme elle
le pensait et comme elle le voulait mais selon
ce que Lui seul permet..."
"La plupart du temps, mes conversations avec
les autres me sont pénibles, exception faite
de ceux avec lesquels je puis parler de Dieu
et des choses de l'âme. C'est bien pourquoi
je préfère la solitude. Quand des conversations
sans intérêt se prolongent et que je ne peux
m'y soustraire, je dois me faire violence
intérieurement avec une grande souffrance."
"Je n'ai jamais reçu de faveurs surnaturelles
dont je n'ai tiré profit. Quels effets concrets ?
Une admirable connaissance intérieure de
Dieu et de son inconcevable grandeur; une
meilleure connaissance de moi-même et
la conviction de devoir rechercher l'humilité;
une grande réserve par rapport aux choses
matérielles et un très grand amour pour
Dieu et la vertu. Je reconnais également que
ces trésors du Ciel ont fait naître en moi un
vif désir d'entrer en relation avec des
personnes qui ont elles-mêmes su recueillir
ce qu'elles ont reçues pour avancer dans la
science spirituelle de l'intériorité."
"Toutes les personnes qui vivent au niveau
de leur âme et dans l'oraison régulière,
m'aident beaucoup à m'élever vers l'auteur
de tout merveille, Dieu seul. Je suis également
poussé à m'abandonner à la Providence et
ne prête alors plus une attention inquiète aux
évènements heureux ou malheureux de la
vie car aucun souci ne me tracasse plus
vraiment désormais !"
"J'avoue avoir été parfois gêné de percevoir
que certains comprenaient combien
le Seigneur opérait en moi, mais finalement
me rendant compte que je n'en devenais pas
meilleur, j'y suis également devenu plus
indifférent ! Il y a une plus grande gêne
et même un grand doute : comprendre que
malgré les bienfaits de Dieu, on succombe
si souvent aux mêmes assauts de l'ennemi...
Comment vaincre ce doute quand une
lumière intérieure me montre toutes les
chutes dans lesquelles je retombe
invariablement malgré tous les trésors
dont le Seigneur me comble habituellement ?
Ce que je comprends néanmoins en toute
vérité, c'est que même dans un tel moment,
mon cœur aime beaucoup plus que mon
intelligence ne connaît. Il n'y a pas de doute
là-dessus et c'est même ce dont je suis le
plus sûr après les vérités de foi..."
