Nous édifiant les uns les autres...
La Sainte Famille
Il n’y a personne au monde
qui ait si bien parlé
dans ces cinquante décennies,
si intelligemment décrit
la famille au sens humain, philosophique
et théologique, que le Pape Saint Jean Paul II…
Son parcours personnel
lui permettait d'ailleurs,
de mesurer le caractère
primordial et irremplaçable
de cette cellule si fondamentale,
si primordiale et si malmenée à la fois :
« Voulus par Dieu en même temps que la création,
le mariage et la famille sont en eux-mêmes
destinés à s'accomplir dans le Christ
et ils ont besoin de sa grâce pour être guéris
de la blessure du péché
et ramenés à leur « origine »,
c'est-à-dire à la pleine connaissance
et à la réalisation intégrale
du dessein éternel de Dieu. »,
écrivait-il en 1981…
(Enseignement sur la famille,
Lettre Familiaris consortio 3)
En effet, le Pape Jean-Paul II
a tant insisté pendant un quart de siècle,
sur les bienfaits spirituels et humains
du don réciproque, qu’il est difficile
de ne pas comprendre combien la famille
selon Dieu,
est effectivement une image terrestre
certes imparfaite,
de la communion divine...
Il serait trop facile aujourd’hui,
d'abimer les enjeux de la famille
en relevant de façon négative
combien cette institution
est brocardée, décriée et même moquée…
Sans doute est-il plus constructif de chercher
à considérer dans cette cacophonie générale,
que depuis les origines,
Dieu a voulu planter des repères
qui valent pour toujours....
Pour nous croyants en effet, la famille chrétienne
obéit à des critères qui ne souffrent
pas de relativisme a priori…
Ni même de remise en cause de son modèle initial
par les épreuves du temps.
Toutes les réécritures de modèles familiaux
peuvent bien exister…
Mais il ne s’agira par alors de la famille
voulue par le Christ et de la Sainte Famille
dans laquelle
Dieu le Père a missionné Son Fils
pour grandir ainsi humainement parmi nous …
Il est meilleur spirituellement
de décrire ce qu’est la famille
selon la Tradition chrétienne,
plutôt que de dénigrer les tentatives
actuelles qui la combattent,
et voudraient la remodeler
pour des temps plus modernes…
Ainsi, Saint Jean Paul II
a-t-il rappelé sans relâche la spécificité
du don réciproque dans l’altérité différentiée,
selon la grande fresque anthropologique
du merveilleux Livre de la Genèse...
La valeur du don réciproque
dans la durée consentie
sera toujours essentielle,
à partir d’une promesse définitive,
par laquelle "homme et femme"
se sachant complémentaires devant Dieu,
s'engagent au titre de leur baptême
pour donner une forme sociale à ce qui
qui s'apparente à un Chemin d'éternité...
Mais ce qui contredit ce don essentiel
dans la spiritualité conjugale,
c’est la centralité du « moi » orgueilleux
qui survient alors au premier plan
comme un poison insidieux,
handicapant du même coup
cette donation réciproque et permanente,
dans la différence initialement consentie ...
Car dans le mariage chrétien
ce n'est pas "moi qui décide de m'unir à toi",
(ce n'est pas non plus toi + moi) ,
mais ce sont
nos deux intelligences et nos deux volontés
qui, se christianisant au fil du temps,
et par l'exercice d un sacerdoce baptismal
devenu toujours plus conscient,
tentent de s'accorder perpétuellement
par amour,
au diapason principal de Dieu !
Le pardon chrétien et l'écoute du cœur,
la prière et la grâce sanctifiante,
(celle des sacrements),
peuvent permettre de s’ "entendre"
ainsi dans la durée,
sur la même longueur communément choisie,
des ondes divines...
Bienheureux les époux
qui chacun et tous les deux ensemble,
peuvent vivre ainsi consacrés
pour connaître Dieu !
Et si, comme souvent,
l'un des deux n'y est pas encore,
même dans un Chemin ardu,
il ne faudrait jamais désespérer
que le Christ devienne un jour le ciment
de cette réciproque union de vie...
Si Jésus est né dans une famille,
c’est pour que son Sacrifice rédempteur
puisse vivifier et sanctifier
la Communauté humaine,
par les voies qui furent
celles de sa croissance et de sa maturité,
au point d’en offrir le modèle
à toute famille se réclamant
de l’intention même de Dieu !
Prions beaucoup en ce jour,
pour nos propres familles,
qui ne ressemblent
certainement pas à la Sainte Famille,
mais qui ne peuvent ignorer
l’archétype et le modèle
que le Christ a voulu leur laisser,
en ayant Lui-même fait le don
de Sa propre vie
par amour et jusqu’à la Croix,
afin de sceller la réalité de cette union humaine
dans le cœur même de Dieu !
Le Sacerdoce catholique
qui est au service de la famille chrétienne,
manifeste qu'au nom
de l'amour primordial et premier de Dieu,
le célibat saintement et droitement vécu,
est le signe vivant, incarné et prophétique
de l'amour de l'Auteur même du mariage,
en vue du bien spirituel
de ceux et celles qui ont la grâce et la force
de choisir de marcher ainsi ensemble vers Dieu !
Et ceux et celles
qui s'efforcent de suivre fidèlement
leur Chemin de sainteté,
s'apercevront inévitablement qu'il leur revient
de prendre toujours en compte
les très grandes blessures de l'amour,
non pour renverser
l'idéal chrétien révélé par Dieu,
mais pour n'ignorer jamais
que le Christ a donné Sa vie
aussi et surtout à l'intention
de ceux qui souffrent !