30ème Dimanche Année C
C'est la prière du pauvre qui plait à Dieu...
Et nous transforme !
"La prière du pauvre traversera les nuées"
(Ben Sirac le Sage, 35, 15b)
Nous nous souvenons des Béatitudes
dans l'Evangile selon Saint Matthieu,
de deux simplement :
"Heureux les cœurs purs,
ils verront Dieu ;
heureux les pauvres en esprit,
c'est eux qui possèderont
le Royaume de Dieu !"
(Mt 5)
Le publicain dans l'évangile de ce jour (Lc 18)
n'est pas meilleur que le pharisien !
Gardons-nous de nous risquer
à une appréciation morale :
"celui-ci est mieux que celui-là !"
Ce n'est pas de cela dont il s'agit ici !
Ce n'est pas l'enseignement
de cet Evangile...
Les personnes qui se sont essayées
non pas seulement à "dire des prières"
mais à "entrer dans la prière",
auront vite compris que pour durer
et y trouver du bonheur,
il faudra laisser des choses
plutôt qu'en accumuler,
con-sentir (cum sentire en latin),
"sentir avec Dieu",
plutôt que vouloir sentir par soi-même...
...Cela c'est pour le cœur !
S'agissant de l'esprit,
il faudra en effet,
cesser de vouloir chercher à comprendre
et raisonner à propos de tout dans la prière,
de faire de grandes conversations à Dieu
pour entrer plutôt dans un autre savoir
celui qui transcende
et dépasse toute perception :
ne rien vouloir rien savoir,
sinon Dieu seul et Sa Présence
en moi et devant moi !
La prière véritable
enseignée par toute la Tradition chrétienne
suppose de faire taire sa langue
et également sa tête, ce qui est encore moins aisé !
A la prière, ce n'est d'ailleurs pas l'heure
de sentir, ni même de comprendre,
c'est tout simplement l'heure
de croire qu'Il est là !
Et cela est plus difficile
que ce n'est compliqué à faire !
C'est pourquoi nous avons bien souvent l'intention
de prier... Demain... Très bientôt...
Sûrement après-demain,
plutôt que de prendre effectivement les moyens
de prier simplement...
Ici, tout de suite là et dès maintenant... !
Le Publicain n'avait pas grand chose à dire
sinon se reconnaître pécheur !
Toute la Tradition spirituelle chrétienne,
(en particulier Origène,
égyptien du début du IIIème siècle
ou Saint Cyprien,
Evêque africain de la même époque)
enseigne depuis deux mille ans,
de commencer "sa prière"
par un acte de contrition,
ou par une petite phrase qui manifeste à Dieu
combien nous mesurons le différentiel
entre ce que nous sommes, ce que nous faisons,
ce que nous disons, ce que nous engendrons
et l'Amour de Dieu, la vérité de Dieu,
bref, tout ce qu'est Dieu !
Ceci est d'autant plus est vrai
depuis la belle
prière de Saint Pierre dans l'Evangile
"Seigneur, prends pitié du pécheur que je suis ",
depuis le repentir de Zachée
ou encore depuis que cette femme
portant avec elle son nectar de parfum,
n'hésita pas à l'abandonner
en le répandant sur les pieds
de Jésus-Christ !
Rien, n'est trop beau en effet,
à "lâcher" à l'heure de la prière,
afin de privilégier une seule chose :
Dieu seul en moi et devant moi !
A la prière, ce n'est plus nous d'abord,
mais c'est Lui surtout !
Cela va clairement à l'encontre
de toute la mentalité de l'esprit du monde
qui nous apprend
la préoccupation du "moi d'abord !"
(Môôa !)
Or pour entrer dans la prière chrétienne,
il convient de se convertir sans fin
et combattre les pièges du seul faux ami :
Môôa... !
"La prière du pauvre traversera les nuées..."
(Ben Sirac le Sage, 35, 15b)
Etre pauvre pour prier,
c'est accepter de nous y mettre
sans rien entendre sensiblement
et sans rien comprendre intellectuellement !
Etre pauvre pour prier,
c'est laisser au vestiaire
nos états d'âmes, nos frustrations humaines,
nos petites ruminations affectives,
nos inquiétudes et nos soucis,
nos idées même,
afin de nous occuper de Dieu seul !
Lui seul d'ailleurs, sait ce qui agite notre cœur
et saura le prendre en compte
bien mieux que nous-mêmes...
Etre pauvre pour prier,
après que nous nous soyons reconnus pécheurs,
comme l'indique également
toute la Traditions spirituelle chrétienne,
c'est prier pour les autres
plus que pour nous-mêmes,
car après le sens de notre péché,
c'est l'intercession pour les autres
qui nous conduit
directement dans le cœur de Dieu !
Pour prier, il faut de fait,
apprendre à se détacher de soi-même
pour commencer bientôt
à s'aimer soi-même en Dieu....
Tout un art pour prétendre Le connaître,
autant que notre seule nature humaine
avec Sa grâce,
puisse nous le permettre
en ce monde nécessairement limité...
Seule la prière,
avec des facultés humaines créées,
nous permet d'approcher autant l'Incréé !