Nul chrétien ne peut estimer qu'il puisse
bien voir sans la Lumière de Dieu ...
Comment la trouver ?
4ème Dimanche de Carême A
(Jn 9,1-47)
Si nous lisons cet Evangile
pendant le Carême, c'est parce que
l'Evangile de l'aveugle-né était
expliqué aux catéchumènes de l'époque,
afin de leur faire saisir comment
le baptême réellement vécu,
est une lumière et une illumination :
"Il a posé de la boue sur mes yeux
et je vois clair maintenant !" (V15)
Beaucoup de quiproquo et d'illusions
dans la vie humaine et spirituelle,
proviennent le plus souvent d'une confusion
entre ce qui est objectif et ce qui est subjectif.
Très fréquemment, convenons-en,
il nous arrive de nous positionner
ou d'émettre des avis plus facilement
à partir de nos impressions et de notre ressenti
qu'à partir de ce qui est objectivement vrai.
Ce qui est subjectif
c'est ce que nous pensons nous et qui n'est
pas forcément faux !
Mais ce qui est objectif c'est ce qui est !
Or, dans la vie chrétienne, il est toujours
nécessaire de soumettre ce que nous sentons
à ce qui est objectivement !
Dans la vie spirituelle chrétienne,
nous avons, il est vrai, des critères objectifs
pour nous remettre dans une vision
mieux vérifiée et plus fiable.
Le premier de tous, c'est que Dieu seul nous
donne Sa Lumière :
"Tant que je suis dans le monde,
Je suis la Lumière du monde" (V5)
Autrement dit, nul ne peut se réclamer
de la lumière, qui ne va pas chercher en Dieu
celle de Dieu !
Le second critère, c'est que nous héritons
de deux mille ans de Tradition chrétienne
qui a su dans sa sagesse, nous procurer
des éléments précieux de discernement
et d'appréciation.. ;
Jésus dit : "Tant que je suis dans le monde,
Je suis la Lumière du monde !"
ce qui veut dire qu'après, Il charge Lui-même,
ses Apôtres de transmettre aux hommes
Sa Lumière divine !
C'est aussi énorme que cela !
Nous ne comprenons pas ce que Jésus
a dit et fait, tout seul chacun
dans notre coin, mais précisément
avec deux mille ans de Tradition chrétienne
comme clé interprétative autorisée !
Le troisième critère, c'est qu'une vie de prière
quotidienne et volontaire,
nous exerce concrètement au silence de l'âme !
Nous nous retirons alors
en nous-mêmes à intervalles réguliers
dans notre journée, pour faire le point,
pour évaluer notre vie et ses décisions
au regard de ce que nous savons
que Dieu préfère !
Aussi, dans une telle posture récurrente,
nous nous exerçons concrètement
à ne plus laisser nos impressions
prévaloir d'abord en nous, mais nous voulons
chercher passionnément, ce qu'il semble
que Dieu préfère à partir de ce que
nous savons déjà être vrai selon lui !
Le quatrième critère, c'est celui
de l'Evangile de ce jour !
Dans le récit de Saint Jean,
le péché et la cécité
sont plusieurs fois mis en rapport
l'un avec l'autre...
Et cela de manière certainement excessive,
puisque les juifs reprochent
à cet aveugle de naissance,
de vivre depuis toujours dans le péché :
"Depuis toujours, tu es né dans le péché
et tu prétends nous enseigner, Toi !" (V34)
Il y a là un enseignement précieux
qu'il faut décrypter, en filigrane à ce récit :
Reconnaître son péché
et recevoir le pardon de Dieu
sont les deux éléments de l'enseignement
de Jésus et de toute la Tradition chrétienne
qui nous rendent la vue par la Lumière de Dieu !
Refuser cela, c'est de fait, tomber sous le coup
de la conclusion de Jésus :
"Si vous acceptiez de vous considérer
comme des aveugles
vous n'auriez de fait, pas tant de péché !
Mais puisque vous persistez à penser que vous voyez
malgré tout et surtout par vous-mêmes,
c'est que votre péché demeure,
et qu'il vous empêche encore de bien voir... !" (V 41)
Toute la Tradition Chrétienne d'un patrimoine
riche de deux mille ans,
témoigne du fait que le péché habituellement
non confessé, entame la claire vision spirituelle
ainsi que son discernement spirituel...
NB : "la claire vision"
chez les Pères de l'Eglise (IIème-VIIIème siècle)
correspond à la clairvoyance spirituelle,
qui est considérée comme
une qualité éminente du progrès intérieur,
dans l'ordre d'une conversion effectivement transformante.